La dépression et la mondialisation

 

Interview de P-H. Castel sur les thèmes de la dépression et de la mondialisation

 

la-qualite-de-la-chaine-du-medicament-mondialiseeComment les représentations et les prises en charge des maladies mentales se diffusent-elles dans le monde ? Assistons-nous vraiment à une uniformisation des approches psychiatriques ? Est-ce que ce sont les cultures qui se les réapproprient afin d’en produire de nouvelles formes ? Est-ce que cette dépression est une maladie de société occidentale, individualiste, touchant les sociétés urbanisées ? Ou au contraire, est-ce que les symptômes sont ressentis universellement sans tenir compte des différentes culturelles ?

Pour répondre à ses questions, nous nous intéresserons à l’ouvrage « De la mort volontaire au suicide au travail. Histoire et anthropologie de la dépression au Japon », de l’auteur Junko Kitanaka et traduit par P-H. Castell.

Dépression et risque suicidaire

« Si le suicide lié aux conditions de travail est devenu un véritable sujet d’inquiétude dans tous les pays développés, c’est par centaines qu’ils se produisent chaque année au Japon, et les graves dépressions procédant des mêmes causes se comptent par dizaines de milliers. Leur retentissement là-bas est énorme, car ces dépressions et ces suicides mettent à mal l’incarnation du travailleur-modèle : l’homme consciencieux, totalement dévoué à son entreprise, est submergé par des tâches écrasantes et un surcroît phénoménal d’heures supplémentaires. Dans ce contexte, le diagnostic de « dépression », associé à l’idée de « risque suicidaire », a été universellement adopté par les médecins, les autorités, les malades eux-mêmes et le grand public, pour nommer et exprimer un mal-être collectif qui est allé en s’aggravant avec la crise économique de ces vingt-cinq dernières années ».

La mondialisation de la dépression

médicament et dépression

Ainsi, l’auteur a travaillé sur la mondialisation de la dépression et sur l’appropriation des cultures occidentales des maladies mentales. Le DSM (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) est à l’origine d’une quantité astronomique de travaux publiés sur la classification des dépressions et sur leurs diffusions à travers le monde.

Dans une interview réalisée par France Culture, sur le thème de la dépression, P-H. Castel avance l’idée qu’il y a une profonde méconnaissance des usagers à propos des enjeux politiques de la dépression et de la consommation d’antidépresseurs. Ces problématiques politiques et économiques racontent quelque chose du rapport des cultures locales à la médecine occidentale, l’auteur souligne l’aveuglement des usagers qui sont pris dans cette grande machinerie pharmaceutique qui les empêche d’apercevoir les véritables enjeux de ces grands groupes industriels.

Nous manquons de recul et nous ne nous apercevons pas que l’industrie du médicament exerce une pression importante sur les gouvernements et sur les organisations mondiales de la santé. Selon P-H. Castel, la mondialisation est un grand mythe explicatif qu’il est nécessaire de démembrer pièce par pièce afin d’approcher au plus près d’une certaine vérité.

A propos de l’auteur de cet article

Auteur : Olivier BEUZON Psychologue – Cabinet de psychologie NANTES

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