Le métier de psychiatre

Qu’est ce que le métier de psychiatre ?

Difficile de s’y retrouver parmi les nombreuses appellations « psy », quelles sont les différences entre un psychologue, un psychiatre, un psychothérapeute ou un psychanalyste ? Je vous propose une série d’articles qui tentent de répondre à cette question tout en apportant des informations utiles, je commencerai par définir les spécificités du métier de psychiatre.

Des définitions

D’après l’ouvrage de J. Postel, Nouvelle histoire de la psychiatrie (2012), « le métier de psychiatre est la pratique d’un médecin qui se consacre à l’étude de la pathologie des conduites et aux soins requis par cette pathologie […] la psychiatrie apparaît lorsqu’émerge le projet d’une connaissance ordonnée du monde de la folie par l’observation clinique. Isoler, rassembler, définir et soigner ».

un-psychiatre-retenu-en-otage-pendant-une-heureAutrement dit, le psychiatre est un médecin spécialisé en santé mentale qui pratique le diagnostic des troubles mentaux, qui traite et apporte un soin thérapeutique à la souffrance psychique.

La démarche clinique et thérapeutique du psychiatre s’étend sur différents axes, elle s’appuie sur ses connaissances médicales, en neurobiologie, en pharmacologie, en sciences cognitives et en psychopathologie.

Comme les psychologues et les psychothérapeutes (sur titre), les psychiatres peuvent pratiquer la psychothérapie selon diverses méthodes tenant compte de leur orientation théorique.

Les champs d’application du psychiatre et de la psychiatrie

Le diagnostic

Dans un premier temps, le psychiatre use de son habilité à pratiquer le diagnostic des troubles mentaux, en s’appuyant à la fois sur les systèmes de classification (DSM et CIM-10) et en écoutant la problématique psychique du patient.

Le traitement médicamenteux

Bien souvent dans les médias il est question de définir la pratique du psychiatre à la simple délivrance d’un traitement médicamenteux. En effet, le psychiatre au même titre que le médecin généraliste, a le pouvoir de prescrire des médicaments psychotropes selon la problématique psychique du patient venant le consulter. Mais ce n’est pas son seul levier thérapeutique.

La psychothérapie

Tout comme le psychologue et le psychothérapeute (sur titre), le psychiatre peut pratiquer une psychothérapie avec les patients. Selon l’orientation théorique du professionnel de santé, il peut s’agir de psychothérapie d’inspiration psychanalytique (psycho-dynamique), de psychothérapie cognitivo-comportementale (TTC) ou de thérapie systémique, etc.

L’expertise

Le psychiatre a également un rôle de consultant auprès des autres professionnels de la santé, du paramédical et des sciences humaines, mais également auprès des patients et de leur famille. Enfin, le psychiatre à un rôle d’expert, de spécialiste du fonctionnement normal et pathologique du psychisme de l’individu. Il peut par exemple prescrire des arrêts de travail, intervenir dans la protection d’enfants en danger, dans la reconnaissance d’un handicap, confirmer la nécessité de soins sous contrainte, apporter son soutien auprès des institutions judiciaires, etc.

La formation

« La psychiatrie est indispensable aux soignants : la prise en compte de la structure psychique d’un patient et de celle de son entourage, l’importance de sa souffrance psychique, font partie intégrante du travail soignant. De nombreux psychiatres, à titre individuel, au sein d’unités de psychiatrie de liaison, à partir de secteurs du service public, ou dans des organismes privés à but lucratif et non lucratif, participent de façon plus ou moins désordonnée à la formation des personnels soignants. <Cette dimension apparaît clairement dans la formation initiale des auxiliaires médicaux, alors qu’elle est encore aléatoire et notoirement insuffisante chez les médecins » (J. Postel, Nouvelle histoire de la psychiatrie, 2012).

Quelques dates-clés et des chiffres démographiques

Sans retracer l’histoire de la psychiatrie en France, il y a plusieurs dates-clés qui ont compté dans la prise en compte du métier de psychiatre. Il faut attendre 1950 pour que l’Assurance Maladie demande à l’Ordre des médecins de définir les spécialités dans le but de rembourser les prises en charge médicales. Au début, la psychiatrie était assujettie par la neurologie et on parlait alors de spécialité en neuro-psychiatrie. Durant les années 1950, les facultés de médecine ont proposé un tronc commun de formation pour former des neuro-psychiatres (CES). Il faut attendre 1969 pour que la psychiatrie se sépare de la neurologie et puisse obtenir son indépendance.

la-qualite-de-la-chaine-du-medicament-mondialiseeEntre les années 1950 et 1980, le nombre de psychiatres français a été multiplié par sept. D’après l’Atlas de la démographie médicale en France (janvier 2016), il y a aujourd’hui près de 12582 médecins spécialistes en psychiatrie, dont 3366 exercent en libéral, 1425 ont une activité mixte et 7791 sont exclusivement salariés dans des institutions publiques, associatives ou privées. Ce nombre d’environ 12 500 psychiatres en exercice va probablement baisser dans les prochaines années car beaucoup d’entre eux ont été formés pendant la phase d’expansion de la spécialité et vont bientôt être à la retraite.

Au vu de la réduction des médecins généralistes et spécialisés, les psychiatres partant en retraite ne seront pas tous remplacés. C’est déjà le cas pour la spécialité de la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent qui connaît une forte chute de ses effectifs (-50%) sur la période 2007/2016 (source www.conseil-national.medecin.fr).

Toutefois, les médecins psychiatres représentent la spécialité médicale la plus nombreuse, jouant un rôle sur la prise en compte des problèmes de santé mentale et de santé publique. Cette démographie importante permet de prendre en charge les troubles psychopathologiques à travers un réseau relativement dense dans le public et le privé, un dispositif articulé au parcours de soins orchestré par les généralistes, les institutions et les autres spécialités.

La formation des psychiatres

Les psychiatres sont des médecins, à ce titre, les étudiants ont passé un concours au terme d’une première année en faculté de médecine. Au cours des 2ème et 3ème années, les étudiants en médecine étudient les sciences physiques, chimiques, la sémiologie, l’anatomie, la physiologie et les sciences biologiques de base.

Un diplôme en sciences humaines appliquées à la médecine de niveau licence est sanctionné par le DFGSM (Diplôme de formation générale en sciences médicales).

Les étudiants sont ensuite en externat où ils reçoivent une formation médicale avec l’obtention d’un autre diplôme de niveau master, le DFASM (formation approfondie en sciences médicales).

Enfin, les futurs psychiatres choisissent leur spécialité en psychiatrie qui correspond à une formation en 4 ans incluant des stages et des enseignements théoriques en pharmacopathologie, en psychopathologie et en sciences cognitives appliquées à la psychiatrie. Un diplôme d’études spécialisées est délivré avec la possibilité de soutenir sa thèse devant un jury qui statue sur l’obtention du diplôme d’État de docteur en médecine.

Le psychiatre et l’Assurance Maladie

Le médecin psychiatre exerçant en libéral reçoit des patients en consultation à son cabinet, ses consultations peuvent être remboursées totalement ou partiellement selon son secteur d’activité et la situation du patient.

Comme toutes les professions de santé, les tarifs appliqués par le psychiatre et le montant remboursé par l’Assurance Maladie dépendent de son secteur d’activité. Un psychiatre conventionné secteur 1 propose des honoraires fixés par convention avec l’Assurance Maladie et sont remboursés, tandis que le psychiatre conventionné de secteur 2 peut pratiquer un dépassement d’honoraire qui n’est pas remboursé.

Peut-on consulter un psychiatre sans passer par son médecin traitant ?

Oui et non.

Si vous avez entre 16 et 25 ans et que votre médecin traitant est déclaré auprès de l’Assurance Maladie, vous pouvez consulter directement un psychiatre ou un neuropsychiatre, on appelle cela un « Accès direct spécifique ».

Si ce n’est pas le cas, vous devez consulter votre médecin traitant au préalable et c’est lui qui décidera de vous orienter ou non vers un psychiatre. Ainsi, lorsque vous consultez un psychiatre dans le cadre du parcours de soins coordonnés par votre médecin traitant, les consultations sont remboursées à hauteur de 70% des honoraires conventionnés de secteur 1.

Sources de l’article

Conseil national des médecins

www.ameli.fr

Psychanalyse et psychiatrie, Toulouse, ERES, « Point Hors Ligne » (2001)

J. Postel, Nouvelle histoire de la psychiatrie (2012)

fr.wikipedia.org