Une émission consacrée aux troubles psychiques
L’émission de France Culture consacrée aux troubles psychiques dans la société est interessante et mérite que nous y consacrions un petit article. L’émission a invité plusieurs intervenants dont : Aude Caria qui est directrice du Psycom (organisme public d’information, de communication et de lutte contre la stigmatisation en santé mentale), elle est aussi psychologue clinicienne. Virginie Lacombe est muséographe, chef de projet en charge de l’exposition mentale des ordres à la cité des sciences et de l’industrie. Marie-Aude Morterol est atteinte de troubles bipolaires depuis l’âge 25 ans, elle est actuellement stabilisée depuis 6 ans et elle témoigne de son expérience en la matière. Antoine Pelissolo est psychiatre, chef de service au sein des hôpitaux universitaires Henri Mondor à Créteil.
Ainsi, nous vous proposons une retranscription partielle des échanges de l’émission que vous pouvez retrouver en intégralité sur le site de France Culture.
Qu’est ce qu’un trouble psychique ?
L’une des difficultés que posent les troubles psychiques réside sans doute dans leurs définitions, comment essayer de les qualifier d’une façon assez générale ? De manière générale, les troubles psychiques sont les maladies ou les affections dont la souffrance principale est psychique. Ce que l’on appelle le psychisme c’est à la fois la pensée, la manière de penser les choses, de raisonner, la manière de sentir les choses sur le plan émotionnel et la manière de se comporter.
De fait, les troubles psychiques peuvent être des phobies, des troubles de l’humeur, par exemple la dépression ou les troubles bipolaires, cela peut être aussi des troubles qui touchent à l’identité de soi comme la schizophrénie, un champ très large qui inclut également les addictions qui font partie des troubles psychiques. Ces affections ont en commun une souffrance psychique que l’on retrouve dans d’autres maladies « classiques », par exemple pour des maladies somatiques qui font souffrir psychologiquement, mais ce n’est pas le motif principal. Dans les affections psychopathologiques, la souffrance psychique est centrale, avec des souffrances physiques qui sont secondaires.
La difficulté réside également dans le nombre de maladies et de troubles mentaux référencés par le DSM qui se charge du « listing » et qui compte 400 définitions différentes des troubles mentaux. Soulignons toutefois, que cette liste est très artificielle, pensons également à la classification de l’OMS qui ressemble beaucoup au DSM, ce découpage en petites tranches n’a pas beaucoup de sens au regard de la complexité psychique de ces affections mentales.
Globalement, il y a une dizaine de maladies mentales répertoriées, c’est le travail des cliniciens de catégoriser des types, des sous-types d’affections mentales, une façon de mieux comprendre et de mieux traiter des formes de certaines maladies psychiques. Ainsi, il y a les troubles de l’humeur, les troubles psychotiques, les troubles anxieux qui sont des catégories suffisamment accessibles pour la compréhension de ces troubles.
Ne plus stigmatiser les maladies mentales
Dorénavant, nous sommes tous concernés par les maladies mentales, que ce soit au niveau des troubles anxieux, des troubles émotionnels, des troubles de l’alimentation, des états de mal-être, des troubles de l’identité, le regard de la société a changé sur les troubles psychiques, 20 à 25% de la population peut être touchée, c’est peut être quelqu’un de sa famille, un voisin, un ami. Rejeter l’autre sous prétexte qu’il a un fonctionnement psychique différent du mien n’a pas de sens, le travail de société est de mieux soigner et de diminuer les stigmatisations.
Les offres de soins sont plus accessibles, mais encore beaucoup de personnes ont peur d’aller voir un psychologue dans un cabinet de psychologie, il est nécessaire de changer l’offre de soins, leur rendre plus accessible et puis aussi expliquer que chacun doit accueillir éventuellement une personne au travail ou dans sa famille, malgré une dépression, malgré un trouble bipolaire. Nous avons cela en commun en tant qu’être humain, cette folie intrinsèque qui habite l’individu, avoir des hallucinations n’est pas dramatique, nous avons tous vécu des expériences similaires ou se rapprochant, ce ne sont pas des extra-terrestres les personnes souffrant de troubles psychiques.
20-25% représentent l’ensemble des personnes ayant des troubles psychiques : des troubles de l’anxiété jusqu’’aux troubles psychotiques, une gamme d’affections qui peuvent nous concerner, nous pouvons le vivre au moins une fois de manière limitée dans le temps et dans l’impact. Notre esprit peut être soit excessif, soit insuffisant, soit qui déraille un peu dans son fonctionnement, un dérèglement plus ou moins important et installé.
Le contact avec des personnes qui sont malades psychiquement montre bien que nous sommes des êtres humains fragiles depuis la nuit des temps parce que le cerveau est un appareil très complexe qui peut se dérégler, il serait vain de vouloir éloigner les fous et les personnes différentes parce que nous faisons tous partie de cette communauté humaine.
A propos de l’auteur de cet article
Auteur : Olivier BEUZON Psychologue – Cabinet de psychologie NANTES.