Dans un article précédent, j’évoquais le burnout des professionnels de santé qui sont confrontés quotidiennement à des situations de stress ainsi qu’à des conditions de travail de plus en plus difficiles. C’est également le cas chez les étudiants qui souffrent de plus en plus de troubles anxieux et dépressifs. Des recherches menées sur des étudiants du monde entier ont montré qu’un stress élevé était signalé chez plus de 75 % des étudiants (c’est-à-dire âgés de 18 à 33 ans), avec des niveaux de stress plus élevés que les personnes des autres groupes d’âge.
Comprendre l’anxiété chez les étudiants
Certaines études ont montré que plus de 85 % des étudiants ont déclaré se sentir dépassés par le niveau d’exigence toujours plus accru des formations académiques. A cela s’ajoutent, des situations de précarité élevée, ainsi que l’éloignement familial lorsque les jeunes adultes doivent habiter les grandes villes pour suivre leur formation.
La plupart des étudiants doivent acquérir rapidement l’autonomie, apprendre à gérer leurs finances, à équilibrer la charge de travail scolaire accrue et les activités sociales. Les choix de formations spécialisées, la recherche de stages et la gestion des tâches administratives liées à leur choix de carrière peuvent également générer une forte anxiété. Ces exigences extérieures peuvent entraîner une augmentation de l’anxiété, de la solitude, de la dépression, des troubles du sommeil et même des idées suicidaires.
Une anxiété qui génère une souffrance psychologique importante
Nous savons désormais que le stress est associé à une plus grande probabilité de tentatives de suicide, qui est la deuxième cause de décès chez les adolescents et les jeunes adultes. Des recherches sur le sujet ont révélé que 61 % des étudiants ont éprouvé à plusieurs reprises une anxiété importante qui engendraient des perturbations importantes dans leur équilibre psychologique, 38 % se sentaient tellement déprimés qu’il était difficile de continuer et 10 % envisageaient sérieusement de se suicider.
D’autres études suggèrent que la santé mentale des étudiants n’est pas prise en compte par les structures sanitaires et sociales. Plusieurs raisons à cela, par exemple de nombreux étudiants ne recherchent pas de prise en charge psychologique en partie à cause du manque de temps, des problèmes de confidentialité, de la stigmatisation, du manque d’ouverture des structures de soins psychiques et des contraintes financières.
Au-delà de l’impact négatif potentiel qu’un stress élevé peut avoir sur la santé mentale, le stress peut également avoir un impact négatif sur la santé physique des étudiants. Les étudiants souffrant d’un stress élevé peuvent être plus susceptibles de mal dormir, d’augmenter leur consommation d’alcool, de faire moins d’exercice et d’avoir de mauvaises habitudes alimentaires. Il existe un besoin urgent de stratégies efficaces de gestion du stress pour faire face aux effets néfastes du stress et aux obstacles potentiels au traitement chez les étudiants.
Comment réduire le stress et l’anxiété chez les étudiants ?
Depuis la crise COVID, de nombreuses solutions numériques et des dispositifs de santé mentale ont été déployés pour faciliter l’accès des plus jeunes aux soins psychiques.
Voici une liste non exhaustive des solutions disponibles :
- Consulter son médecin traitant.
- Consulter un psychologue en libéral.
- En cas de besoin urgent d’écoute : 0 800 130 000.
- En cas d’urgence psychiatrique ou de danger immédiat : le SAMU au 15.
- Consulter un lieu de soins : Centre Médico Psychologique (CMP) ou Centre Hospitalier de Psychiatrie.
- Les Bureaux d’aide psychologique universitaires (BAPU).
Ressources en ligne :
- aPSYtude
- filsantejeunes
- https://www.filsantejeunes.com/
- https://www.sos-amitie.org/
- https://www.suicide-ecoute.fr/
- https://sos-suicide-phenix.org/
- https://arretonslesviolences.gouv.fr/
- https://www.ligneazur.org/
- https://www.sos-homophobie.org/
- https://www.le-refuge.org/
- https://www.soutien-etudiant.info/
- Chatbot Owlie
- Cogito’Z
Les applications dédiées à la réduction du stress
Dans une étude publiée en 2019, les chercheurs ont testé l’efficacité initiale et les effets durables d’une application mobile de méditation de pleine conscience, utilisée en continue sur 8 semaines.
Pour de nombreux pays, la mise en œuvre de programmes de réduction du stress sur les campus universitaires est devenue une priorité. Les applications basées sur la pleine conscience, en particulier, sont devenues plus populaires sur les campus universitaires récemment et peuvent constituer une stratégie efficace pour réduire le stress chez les étudiants.
Qu’est-ce que la pleine conscience ?
La pleine conscience est définie comme l’état d’être attentif et conscient de ce qui se passe dans le moment présent sans jugement. Deux des interventions basées sur la pleine conscience les plus populaires sont la réduction du stress basée sur la pleine conscience (MBSR : Mindfulness Based Stress Reduction) et la thérapie cognitive basée sur la pleine conscience (MBCT : Thérapie Cognitive Basée sur la Pleine Conscience). Bien qu’efficaces pour la gestion du stress, ces programmes peuvent être rigoureux, longs et coûteux, ce qui peut ne pas être idéal pour les étudiants.
La méditation de pleine conscience, une composante du MBSR et du MBCT, a montré des avantages positifs, allant de la réduction du stress et de l’anxiété à l’amélioration du bien-être général.
Cependant, les effets de réduction du stress chez les étudiants sont moins clairs. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre quels aspects des interventions de méditation de pleine conscience peuvent contribuer à réduire le stress chez les étudiants.
Des résultats encourageants
Dans une récente synthèse narrative d’études sur les effets de la méditation de pleine conscience sur le stress chez les étudiants, 16 des 22 études ont rapporté des diminutions significatives du stress autodéclaré. Des résultats significatifs ont été rapportés dans des interventions allant de 2,25 heures à 30 heures de participation totale requise à la méditation au cours de l’intervention (par exemple, 3 à 8 semaines).
Bien que ces résultats de l’étude soient prometteurs, les chercheurs indiquent plusieurs limites qui doivent être notées, notamment les faibles taux d’adhésion, le manque de groupes témoins et la petite taille des échantillons. D’autres études sont nécessaires pour aborder les limites existantes des interventions de méditation de pleine conscience et explorer d’autres moyens afin d’encourager la participation et d’accroître l’accessibilité parmi les étudiants.
Une demande en ligne de plus en plus importante
Les smartphones et l’utilisation d’Internet sont massivement utilisés par les étudiants. En effet, ils sont environ 98 % à utiliser Internet quotidiennement et 85 % possèdent un smartphone. De nombreux étudiants ont déclaré être réceptifs aux traitements de santé mentale en ligne, une étude rapportant que les étudiants étaient plus susceptibles de demander de l’aide en ligne qu’en face à face dans un cabinet de consultations (avec un psychologue, un psychiatre ou son médecin traitant).
Le développement d’applications de santé mentale (mHealth : Mobile Health) a augmenté de façon exponentielle et il a été rapporté que l’utilisation d’applications améliore l’efficacité de la prestation des soins de santé et l’efficacité du traitement. Il est également important de noter que si les applications peuvent offrir la possibilité d’un accès accru aux informations sur la santé, aux soins à distance et à l’autonomie des utilisateurs, il est nécessaire d’assurer la sécurité des utilisateurs, car il y a encore très peu de cadre réglementaire.
Il faut rester vigilant sur l’utilisation des applications
Les utilisateurs de l’application doivent tenir compte de la qualité et de l’exactitude des informations factuelles, des qualifications des développeurs de contenu, des allégations médicales/santé, du partage d’informations ou de la sécurité des données, du consentement éclairé et de la compétence de l’utilisateur (par exemple, la formation requise pour utiliser les techniques). Des tests indépendants des applications mobiles sont hautement justifiés.
Les applications disponibles sur l’Apple Store et Google Play Store
Les applications mobiles de méditation pleine conscience peuvent être une approche prometteuse pour réduire le stress et surmonter les obstacles à la gestion du stress signalés par les étudiants. Une étude récente aux Etats-Unis a mené une recherche sur les applications mobiles de « pleine conscience » dans Apple iTunes et Google Play Store. Près de 560 applications sont aujourd’hui accessibles (en anglais).
Les meilleures applications de pleine conscience répertoriées dans Apple iTunes (dans une recherche en cours en avril 2019) étaient Calm (nommée application de l’année 2017 par Apple, application n°2 pour la santé et la forme physique), suivie d’Aura (Application n° 6 Santé et forme physique) et Headspace (application n° 9 Santé et forme physique).
Des résultats similaires ont été trouvés dans le Google Play Store, les meilleures applications de pleine conscience étant Headspace (application #6 Health & Fitness), suivi de Calm (application #8 Health & Fitness) et Deep Calm (application #44 Health & Fitness). Bien que la popularité des applications de pleine conscience augmente, seules quelques études ont examiné la faisabilité et l’efficacité de ces applications mobiles basées sur la pleine conscience pour réduire le stress chez les étudiants.
Pour aller plus loin sur le sujet :
- Pierceall EA, Keim MC. Stress and Coping Strategies Among Community College Students. Community College Journal of Research and Practice. 2007
- Almojali AI, Almalki SA, Alothman AS, Masuadi EM, Alaqeel MK. The prevalence and association of stress with sleep quality among medical students. J Epidemiol Glob Health. 2017
- American College Health Association. Hanover, MD: [2019-06-18]. American College Health Association-National College Health Assessment II: Spring 2018
- American College Health Association. [2019-06-18]. American College Health Association-National College Health Assessment II: Fall 2010 Reference Group Executive Summary
- https://www.acha.org/documents/ncha/ACHA-NCHA-II_ReferenceGroup_ExecutiveSummary_Fall2010.pdf.
- Prévalence et marqueurs de risque d’anxiété et de dépression chez les étudiants en santé : PréMaRADES